L’affacturage en France, un modèle à part entière

L’affacturage en France, un modèle à part entière
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L’affacturage est une excellence française, un modèle aujourd’hui unanimement reconnu pour la qualité, la sécurité et la diversité de ses solutions de financement. Une image positive, aujourd’hui acquise, de l’adaptabilité permanente des Factors français aux attentes de leur marché.
Entretien avec Patrick de Villepin, Président de la commission affacturage et membre du conseil de l’Association Françaises des Sociétés Financières (ASF).

Comment le modèle français de l’affacturage a-t-il émergé ? 

Je confirme qu’il existe bel et bien un « modèle français » de l’affacturage, mature et reconnu pour la diversité de ses produits. L’affacturage n’est pas en soi une nouveauté. Si le terme n’est apparu qu’au XXème siècle, le concept même de cession de créances existe depuis le XVème siècle et n’a, depuis, cessé de se développer. Une évolution qui concerne tout particulièrement les acteurs français de l’affacturage qui, en capitalisant sur leur expertise, les évolutions de marché et les innovations technologiques, ont su s’adapter aux besoins des PME, puis des grands comptes et enfin des TPE et professionnels. Cette capacité d’adaptation, alors même qu’il n’existe pas en France (et contrairement à d’autres pays comme l’Allemagne et l’Italie) de législation codifiant à proprement parler ce métier, fait des Factors français un modèle à part et désormais largement reconnu.

Qu’est ce qui fait de l’affacturage français « un modèle » à part ?

Le modèle français de l’affacturage s’articule autour de pratiques métiers. C’est ainsi, en premier lieu, pour répondre aux PME en difficulté que l’affacturage est né en France en 1964. Les Factors leur proposent alors du full factoring (affacturage notifié et géré), une solution qui intègre le financement, la garantie contre l’insolvabilité et la gestion de créances (relance client, recouvrement des factures et lettrage des encaissements). Ce modèle, qui prévaut alors au regard de sa dimension hautement sécuritaire a largement contribué à faire connaitre l’affacturage en France.

Au début des années 2000, c’est au tour des grandes entreprises de trouver un intérêt certain à l’affacturage. Elles plébiscitent plutôt des solutions d’affacturage en gestion déléguée (affacturage confidentiel ou silencieux, non notifié et non géré), des opérations de déconsolidation et de la cession de balance. Vers 2005-2006, les bienfaits de l’affacturage pour les grands comptes sont désormais largement éprouvés, ils n’hésitent plus à solliciter les Factors pour des programmes de plus grande envergure dépassant même nos frontières (programmes pan-européens), à les intégrer dans leur stratégie de gestion du poste clients et à en parler ouvertement avec leurs analystes et partenaires financiers.

Ces dernières années, enfin, les Factors français ont développé des offres d'affacturage « au forfait » (comme Impulsion de BNP Paribas Factor), qui s’adressent aux TPE et professionnels. Plus simples et plus lisibles, elles permettent de se faire financer en quelques heures, d’externaliser la gestion du risque contre les impayés, les relances et le recouvrement - le tout sans engagement et sans frais de dossier.

Ce développement en trois étapes (PME, grands groupes, puis TPE) a rendu le modèle français de l’affacturage atypique. En effet, en Europe et dans le reste du monde, les Factors se sont d’abord concentrés sur les grands comptes et les gros volumes de factures. Ils n’ont donc pas la même expertise que leurs homologues français sur l’affacturage des PME, un marché sur lequel ils commencent tout juste à se diversifier.

L'affacturage français s'est développé auprès des PME, des grandes entreprises, puis des TPE

Un développement particulier qui a permis à l’affacturage de gagner une place importante sur le marché français du financement court terme ?

Ces étapes et le succès des solutions de financement proposées, notamment aux grands comptes et aux TPE, ont en effet largement contribué à améliorer l’image de l’affacturage en France. Gage de cette notoriété reconnue, depuis 2017 l’affacturage est en France devenu la première source de financement court terme devant le découvert . Une solution d’autant plus plébiscitée qu’elle est entièrement sécurisée, notamment dans le cadre des offres de full factoring proposées aux PME.

Un modèle d’excellence qui permet aux Factors français de s’imposer sur l’échiquier international ?

En effet, grâce à ce modèle arrivé à maturité et conforté par l’excellence, les Factors français sont, depuis 2016, numéro un mondial en termes de nombres de clients et à l’international. Ils occupent également le second rang des Factors en Europe, et le troisième au niveau mondial en volume. Un positionnement qui devrait être confirmé, voire renforcé, avec la mise en place du Brexit. L’Angleterre pourrait alors perdre son « Passeport Européen » qui lui permettait jusqu’à présent d’être intégré dans les programmes d’affacturage pan-européen mis en place dans les autres pays de l’UE. Seuls les acteurs qui ont une filiale en Angleterre, à l’instar de BNP Paribas Factor, pourront continuer d’intégrer la Grande Bretagne dans leurs contrats.

En quoi les Factors français sont-ils innovants ?

Comme dans de nombreux secteurs d’activité, les Factors français ont ces dernières années été challengés par des start-up. Ils ont cependant vécu l’arrivée des Fintechs sur leur marché comme une opportunité qu’ils ont saisie pour engager et accélérer leur propre transformation digitale.
Aujourd’hui, le processus de transformation des Factors français pour devenir des tech compagnies est en marche. Les grands Factors français annoncent des produits de plus en plus innovants et digitaux, ainsi que des délais de financement très courts (en moins de 8 heures chez BNP Paribas Factor), des solutions de dématérialisation, de signature électronique, etc. Ils capitalisent également sur les nouvelles technologies pour développer des prestations plus innovantes articulées par exemple autour du big data ou de l’intelligence artificielle. Autant d’éléments qui leur permettent de jouer à jeu égal avec les Fintechs et de conforter encore le positionnement du marché.

Et demain, quels enjeux pour l’affacturage en France ?

Le défi de la profession aujourd’hui consiste à poursuivre et à renforcer sa communication sur les bienfaits de l’affacturage. Une tâche dans laquelle s’engagent les Factors et l’ASF, notamment en animant des cours et des conférences dans les universités telles que la Sorbonne, mais également au MEDEF ou à la CPME. C’est également pour promouvoir le modèle français d’affacturage en Europe et dans le monde qu’a été rédigé le livre Factors and Actors. Cet ouvrage collaboratif de 400 pages organisé en 30 chapitres, réunit les réflexions et analyses de 37 experts, historiens et professionnels, issus de 15 pays différents. Il porte une vision à la fois historique et technique sur le passé, le présent et l’avenir de l’affacturage.

Point d’orgue de cette aventure collective, Factors and Actors est paru le 11 juin dernier, à l’occasion du 50ème anniversaire de FCI, l’association mondiale de l’affacturage qui réunit 400 affactureurs dans 90 pays.

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